Voici mon résumé de recherches sur l'histoire du corset, de sa création à nos jours.
Les
débuts du corset
se firent à partir du XVIe
siècle,
véritable sous-vêtement au combien controversé, il est destiné à
modeler le buste en fonction des modes au fil des siècles. Il se
doit d’affiner la taille
et de maintenir la poitrine pour une silhouette parfaite. Nous allons
évoquer son histoire et son évolution de sa création à
aujourd’hui.
Tout
d’abord, les fabricants de corsets sont les corsetiers, se sont les
hommes qui ont le monopole de ce marché jusqu’au règne de Louis
XIV car la couture des baleines sur le tissus est difficile et
nécessite des mains solides. Les premiers corsets étaient même des
« corps de fer »
mais au départ ils étaient
utilisés pour des raisons médicales de « malformations »
corporelles. C’est en 1675 que les femmes obtinrent le droit de
créer des corsets, ont les appellent alors les corsetières.
Ils sont fabriqués avec
une ou plusieurs épaisseurs de coutil,
toile de
coton tissée très dense,
ils peuvent être doublés avec un tissu différent. Ils comportent
également un
busc,
large lame
de bois, de métal, d’ivoire ou d’os,
qui maintient la rigidité sur le devant du corset.
Les baleines
destinées à modeler le corps sont faites de vrais fanons de
baleines jusqu’au 18ème
siècle et parfois d'osier pour les corsets de gens plus modestes.
Enfin, le
laçage avec des œillets
qui permet, d’ouvrir le corset, de le resserrer et d'affiner la
taille en-dessous de son véritable tour de taille. Les œillets où
passe le lacet dans le dos, étaient brodés à la main jusqu'au
début du 19e
siècle puis ensuite remplacé par des œillets métalliques.
Apparu
à la cour
d'Espagne au XVIe
siècle,
le corset porta d’abord le nom de « basquine » il
ajuste le corps de la noblesse, il représente la «droiture » et
ceux qui veulent se distinguer dans la société.
La mode de cette
époque est influencée par la puissance de l’Espagne, qui grâce
aux découvertes en Amériques possède beaucoup de richesses. De
même, la reine Elisabeth 1re
d’Angleterre
se passionne pour les vêtements et ayant un corps menu elle portait
des corsets faits de cuir ou de toile, renforcés par des lamelles
d’acier.
Le corset du XVIème
siècle était recouvert d’un tissu de soie mince, lacés dans le
dos, la femme pouvait ensuite enfiler son jupon ainsi que le
vertugadin (sorte de panier destiné à donner du volume à la robe).
De
silhouette conique, pointe basse à la taille, ce style de « corps
baleiné »
rigidifie la silhouette et aplatie la poitrine, il n’a pas encore
comme but d’enjoliver les atouts féminins mais plutôt de se
rapprocher de la silhouette masculine.
Pour parvenir à une plus
grande minceur, on a eu l’idée d’y incorporer sur le devant une
lamelle de bois appelé coche.
C’est la première fois que la femme
est ainsi serrée dans son vêtement et même déformée puisque l'on exagère les formes naturelles du corps pour créer de nouvelles
lignes, on se trouve bien en face d’une transformation du corps qui
sera continuellement recherchée dans la mode européenne.
Au
départ, pourtant venu de l'univers masculin et militaire, le corset
est plutôt perçu comme une « armure » réservée à la haute
société. La mode espagnole voulait presque supprimer la poitrine et
les corsets étaient plus serrés qu’en Angleterre, des bandes de
cuir étaient utilisées pour retarder la croissance des seins et
obtenir la silhouette aux formes parfaites pour l’époque. Vers la
fin de ce siècle, les corsages pouvaient être ornés de motifs
brodés ou de joyaux.
Au
XVIIème
siècle, la forme du « corps baleiné » reste conique
mais la silhouette demeure moins raide qu’au siècle précédent.
La rigidité est laissée un peu de côté pour laisser place au
dégagement des épaules.et la création de bretelles.
Il n’y a pas
beaucoup d’évolution au cours de ce siècle sur le port du corset
mis appart la poitrine qui était davantage mise en valeur, les seins
étaient comprimés par le corps baleiné de façon à les faire
saillir par-dessus.
La
tendance était à la fois sobriété et liberté. Vers la fin du
siècle, une dame de la cour portait un corsage et une jupe de
couleur différente, le corsage descendait en pointe sur le devant
les côtés étant relevés par des rubans afin de montrer une
magnifique jupe de dessous.
Les corsages étaient lacés devant ou
derrière et extrêmement décolletés même en présence de la
chemise de dessous.
Ce retour à une mode moins stricte a été
influencé par les courants artistiques de l’époque : le
baroque en début de siècle, qui évoque le mouvement, les détails
des motifs et nombreuses préciosités et, le classicisme à la fin
du siècle qui représente une esthétique proche de la perfection.
La politique économique française influence aussi l’évolution
des costumes puisque la France va renforcer son commerce à
l’international, notamment grâce à Henri IV qui développe les
industries de la soie.
Au
XVIIIème
siècle, le corset conserve sa forme conique mais avec une apparition
de la « pièce d’estomac
» qui est épinglée dessus, très ornée sur le devant, elle permet
de recouvrir le devant du corsage. Elle peut être fournie de
broderies, dentelles, rubans.
Le
corset du XVIIIème est
la forme la plus contraignante à avoir jamais été portée car il
est très serré, rigide, on le nomme le «
grand corps ». Il
comprime fortement les côtes, ses bretelles projettent les épaules
en arrière, rapprochant les omoplates et donnant un dos très droit.
Il est rigidifié par des baleines qui remontent la poitrine, munis
d’un busc de bois ou de fer, il descend très bas sur les hanches.
Le corset étant lacé abusivement, les femmes de la Cour
s’évanouissaient souvent tellement elles étaient comprimées.
Vers la fin du siècle, le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette, a
provoqué des changements au sein de la Cour Française ainsi que du
peuple. En effet, « l’étiquette » de la Cour étant
très rigide, Marie-Antoinette après toute sorte de folies
vestimentaires revient à la fin de son règne, à une mode plus
simple avec une robe dite « en gaulle », les corsages
étaient toujours ajustés mais moins contraignants.
A
partir de 1789,
à la Révolution Française, le port du corset fût abandonné au
profit de la mode « antique ».
Les industries textiles françaises étant en péril des suites de la
Révolution, Napoléon Bonaparte Empereur en 1804, voulu alors
rétablir le commerce textile.
Il fît en sorte que les dames de la
Cour de changent au moins deux fois par jour de tenue et engagea le
couturier Leroy qui influença une mode classique et gracieuse et le
port du corset est abandonné pour un temps, surtout qu’il
commence à être contesté par les médecins et traité comme un
instrument de torture.
Les
femmes adoptent alors un style au plus grand confort et soutiennent
leur poitrine par une brassière appelée « zona », elle
était portée sur la robe.
Une
nouvelle version du corset apparaît ensuite vers 1810 « le
corset à la ninon »,
de forme plus courte et moins contraignante. Les balconnets font leur
apparition et la forme du corsage épouse de facon plus naturelle
celle du corps.
La
taille redevient plus prononcée à partir de 1816 avec le « corset
du divorce »
qui permet de séparer les seins. Il était composé d’une pièce
triangulaire de fer ou d’acier, rembourrée, la pointe se dirigeait
vers le haut en soutenant et séparant les seins.
Les
années 1820-1830
sont une période dite « romantique »,
même les hommes sous l’influence du « dandysme »se
doivent d’être élégants et distingués.
Ils doivent alors se
rapprocher de la silhouette féminine et pour cela porter un corset
sur la chemise et le pantalon, ou un gilet lacé dans le dos pour un
quotidien plus confortable.
La Révolution
industrielle,
permet un nouvel essor du commerce et notamment celui de la mode.
Ouverture
des magasins de « nouveauté » qui permettent de se
vêtir à un prix moins élevé et la mode se démocratise.
La
mode des femmes est gracieuse et la finesse du corps doit se montrer
à nouveau par une « taille de guêpe », le corset
redevient encore plus populaire. Les bretelles disparaissent et la
forme va peu à peu devenir celle d’un sablier. La finesse de la
taille est également accentuée par l’ampleur des manches des
robes et le port d’une ceinture.
Les
premières baleines en acier apparaissent, à la fois rigides et
flexibles ; faites de fer et enveloppées de papier ou de tissu, puis
les œillets métalliques qui permettent de renforcer le laçage et
de diminuer l’usure du tissu.
Les dépôts de brevets se
multiplient, il est inventé un système de poulies qui permet un
délaçage instantané et des lacets élastiques au dos des corsets.
Les
corsets à une seule épaisseur de coutil étaient portés au XIXe
siècle durant l'été, car moins chauds, plus souples et plus
confortables.
Vers 1840 est inventé le busc en deux parties, à
crochets, qui permet d'ouvrir le devant du corset et de pouvoir le
mettre et enlever beaucoup plus facilement. La taille commence à
s’allonger progressivement, il est utilisé pour cela des os de
baleines et du fer, le corset montait jusqu’à la poitrine et
descendait jusqu’au bas du dos en recouvrant les hanches.
C’est
l’époque du règne de la Reine Victoria qui a provoqué une
période de prospérité et de luxe en Angleterre, les toilettes
étaient toujours plus recherchées, ce qui a influencé la noblesse
française. Le corset à la mode « victorienne »
recouvre à peine la poitrine et descend plus ou moins sur les
hanches.
Cet
engouement pour la mode est encore plus accentué par l’arrivée
d’un journal « le
Moniteur de la Mode »
en 1843, les élégantes suivent à la lettre les nouvelles tendances
en matière de mode.
En
1860,
sous le Second Empire, la France est la première puissance
industrielle d’Europe et le textile constitue la plus grande
industrie française. La demande envers le corset est tellement
importante qu’il s’en vends 1 million par an à Paris, il se
réalise sur mesure ou peut s’acheter en confection.
Chaque femme
peut alors porter le corset, quelques soit sa catégorie sociale. La
taille devient plus que jamais un élément de séduction, le corset
se porte court et cache à peine la poitrine.
De 1860
à 1870,
la silhouette féminine est façonnée par le corset et la crinoline
(sous-jupe constituée de cercles de crin ou d’acier) et va
atteindre des proportions démesurées.
En effet, la jupe s’aplatit
sur le devant et rejette son ampleur à l’arrière, comme une
traîne.
« Il
est bon qu’un demi-corset précède le corset entier que l’on ne
peut prendre qu’en s’habillant car il est très malséant pour
une dame de n’être point du tout lacée. » Nouveau manuel
complet de la bonne compagnie, 1863
A
partir de 1870,
le corset s’allonge et vient comprimer la poitrine, les femmes se
lassent de porter la crinoline qui est alors remplacée par « la
tournure » ce
qui leurs qui
donnent un volume à l’arrière de la jupe tels un « faux-cul ».
Avec cette nouvelle mode, le port du corset se fait cambré afin
d’amplifier la chute des reins.
Le
« corset-cuirasse »
qui apparaît en 1873, a une baleine centrale qui se termine sur
l’abdomen par une spatule qui peut atteindre jusqu’à 8 cm de
largeur, il est pourvu d’une trentaine de baleines et garni de
broderies. La lingerie raffinée et luxueuse se développe, et les
dessous commencent à se diversifier et à se colorer.
Puis
le corset s’allonge encore, cette fois pour une silhouette plus
cambré grâce au « busc
cuillère »
qui est placé verticalement au centre et donne une forme rebondie au
ventre, plus naturelle, les hanches ressortent davantage et la
taille est encore une fois lacée fortement afin d’accentuer la
cambrure des reins.
Ce busc peut être droit ou en forme de poire, il
est inséré entre la doublure et le tissu du corset. Les médecins
tirent à nouveau la sonnette d’alarme et un nouveau modèle de
corset est inventé à la fin de ce siècle.
Ce
n’est pas pour autant que les femmes renoncent à la finesse de
leur taille car elle était réduite en moyenne à 45 centimètres.
C’est le début de la silhouette
en « S »,
le corset est droit devant aplatissant le ventre, il est allongé et
descend très bas, il maintient aussi les hanches. La poitrine est
relevée et le dos très cambré.
Le
magazine anglais « The English Women’s Domestic Magazine »
citait « Si
vous voulez qu’une fille grandisse gentiment et de façon féminine
suivant sa manière et ses sensations, lacez-la serrée ».
Il était même dit que certaines filles avaient comme ambition
d’avoir à leur mariage, un tour de taille pas plus grand que le
nombre d’année de leur âge..(la mesure était le pouce). Cette
posture a rapidement des effets néfastes pour la santé et le dos,
le corset toujours évoqué par les médecins « d’instrument
de torture »
peut provoquer la déformation des organes internes, des fractures de
côtes qui peuvent à leur tour perforer un organe vital comme le
foie ou l’estomac.
Le corset se munie aussi de jarretelles afin d’y
accrocher les bas et la taille de guêpe est accentuée par
d’imposantes manches gigot et une jupe en forme de cloche.
A la fin de ce siècle est également inventé le corset pour le
sport, constitué de rubans de gros grains ajustables, il avait un
maintient beaucoup plus souple.
Dès
1900,
la mode est influencée par l’art nouveau caractérisé par des
lignes courbes, une souplesse prétendant imiter la nature. Le corset
s’allonge et commence à gagner en souplesse mais il souligne
encore la torsion du buste en forme de « S ».
C’est
aussi le
début de la Belle Epoque,
période prospère de progrès social, économique, technologique et
politique qui durera jusqu’en 1914. Une célèbre corsetière de
cette époque est Inès
Gaches-Sarraute,
elle est a l’origine du corset « Belle Epoque » ou
« edwardien »
comme nommé en Angleterre sous le règne d’Edouard II.
Cette
époque est d’autant plus propice à l’usage d’une lingerie
raffinée, elle se décline en couleurs pastels et est ornée de
rubans, de dentelles et broderies.
En
1910,
le corset s’allonge encore pour affiner les hanches, il est muni de
bandes en caoutchouc et ne recouvre désormais plus la poitrine, il
se prolonge toujours de jarretelles pour maintenir les bas. Ce type de
corset n’est vraiment pas confortable, en applatissant les formes,
les courbes naturelles du corps furent supprimées.
1914
signe le
début de la Grande Guerre, les femmes sont alors plus actives, elles
travaillent à l’usine ou dans les hôpitaux et ne peuvent plus
perdre du temps à s’habiller, par conséquent le corset se
desserre.
Il
est remplacé par le soutien-gorge,
plus simple et confortable ainsi que la
gaine
pour maintenir le ventre.
Concernant les innovations à partir de 1912, les os de baleines sont
remplacés par de l’acier inoxydable et à partir de 1932, le
développement du latex permet de fabriquer des ceintures
extensibles, et la fermeture éclair s’en suivra.

Aujourd’hui,
le corset fascine encore il est synonyme de
sensualité et d’érotisme,
il est revu au goût du jour dans les spectacles de pin-up
burlesques ou peut être porté comme haut de soirée. Il
inspire également l’univers gothique, glamour et sexy mais aussi
les robes de mariées.
Par Sonia
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